La dîme était une redevance en nature payée au clergé, correspondant au dixième de la récolte, donc un impôt important.
Les décimateurs prélevaient cet impôt dès que la fin de la récolte.
Le produit perçu par les décimateurs était théoriquement divisé en trois parties : un tiers pour l'entretien de l'église paroissiale, un autre pour le desservant de la paroisse, le dernier pour les pauvres.
Mais le Haut Clergé détournera à son profit une large partie de la dîme. La partie réservée aux curés des villages (le Bas Clergé), à titre de pension, se réduira à la portion suffisante, autrement dit la portion congrue.
Congrue, cet adjectif vient du latin congruus, signifiant convenable.
A l'origine, la portion revenant au Bas Clergé a d'abord a été ainsi qualifiée car elle aurait du donc être convenable.
En fait, le Haut Clergé fera en sorte de calculer au plus près cette pension, et l'adjectif congru prendra un tout autre sens, celui de "réduit" ou de "mesquin" que nous lui connaissons désormais.
Dans le même temps la part destinée aux pauvres disparaîtra.
Citons VOLTAIRE, qui signait AEcralinf, pour: "écrasons l'infâme":
"Je plains encore davantage le curé à portion congrue, a qui des moines, nommés gros décimateurs, osent donner un salaire de quarante ducats pour aller faire, pendant toute l'année, à deux ou trois milles de sa maison, le jour, la nuit, au soleil, à la pluie, dans les neiges, au milieu des glaces, les fonctions les plus désagréables, et souvent les plus inutiles. Cependant l'abbé, gros décimateur, boit son vin de Volnay, de Beaune, de Chambertin, de Sillery, mange ses perdrix et ses faisans, dort sur le duvet avec sa voisine, et fait bâtir un palais. La disproportion est trop grande."
Extrait du DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE de VOLTAIRE
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